lundi 29 octobre 2007

Une soirée de "Bot ding"

Je garde de très bons souvenirs de Koh Samui. J'habitais tout d'abord à côté de l'aéroport où je pouvais voir les avions décoller et atterrir sur la piste en regardant par la fenêtre de ma cuisine. Il y avait des vibrations et on ne s'entendait plus parler pendant quelques minutes, mais il n'y avait plus de vols, au moins, passé 11 heures du soir.

J'ai ensuite bougé vers Maenam, au nord de l'île. Là j'habitais dans une petite soy qui entrait à l'intérieur des terres, une petite rue bordée de bananiers et de palmiers avec d'énormes trous d'eau pendant la saison des pluies. Ma maison avait une énorme terrasse (presque plus grande que l'intérieur de la maison elle-même) où l'on passait des soirées à jouer aux cartes et boire de la Chang.

L'un des jeux de cartes les plus populaires en Thaïlande se nomme "Bot Ding", se qui signifie littéralement "aveugle double". Comme il s'agit d'une sorte de Black Jack où il faut miser, ce jeu est illégal, mais dans la jungle, il n'y a qu'une seule loi. Il y a donc un "dealer" qui distribue deux cartes à tous les joueurs et ceux-ci ont l'option d'en prendre une troisième. Il faut additionner les 2 cartes (les as valent 1, les figures 10) et avoir le plus près possible de 9. On laisse tomber les dizaines, donc un roi et un sept (10 + 7) donnent 7. Le plus fort est le 9 naturel avec 2 cartes seulement, le plus bas 0 (par exemple 3 + 7). Pour zéro, on dit "bot" (aveugle). Il y a des moyens de doubler, tripler voir même quintupler sa mise de départ selon certains facteurs. Un total de neuf avec deux cartes de coeur se nomme ainsi "gao ding" (neuf double).

Ce jeu est très rapide, mais le plus amusant est de voir les superstitions des Thaïs lorsqu'ils jouent. Par exemple, placer la figure du roi vers le haut avec les pièces de monnaie porte chance. Il ne faut pas regarder les deux cartes en même temps, mais en ouvrir une, souhaiter le chiffre de la seconde et la dévoiler très très lentement. Quand le "dealer" perd trop, il distribue les cartes en changeant de direction. Si vous avez la chance de jouer, ne la manquez pas!

mercredi 24 octobre 2007

Rixe sur Khao San Road

Vendredi soir, je sors avec des copains voir un concert de ska au Brick Bar, une boîte qui se trouve à l'arrière d'un centre commercial de la célèbre Khao San Road. Pour ceux qui ont déjà parcouru cette rue, c'est tout près d'un fameux restaurant de fast-food que je boycotte et que préfère ne pas nommé (mon ami aime bien dire qu'on y mange de la "merde de clown").

L'ambiance est surchauffée, la foule dense, la musique puissante comme elle doit et la fumée de cigarette omniprésente. J'apprécie bien, mais à un certain moment je m'éclipse du bar pour prendre une bonne bouffée d'air frais. Sur le trottoir, quelques autres amis boivent une bière achetée au Family Mart (les escrocs vendent les grosses bouteilles à 60 bahts au lieu de 40 la nuit). Soudain, petite commotion. Je me retourne et vois un Thaïlandais assis, saoul de toute évidence, qui porte sa main à son visage. A côté de lui se tient un garde de sécurité qui vient, semble-t-il, de lui asséner un coup de pied. Pourquoi? Aucune idée. Le Thaïlandais aux cheveux longs se lève, jette un regard au garde et part à la course. Ça sent mauvais.

On s'éloigne un peu, continue à boire, à discuter, à observer la faune alcoolique de Khao San Road. Soudain, le Thaïlandais refait une apparition accompagné d'un ami et... d'un couteau long de 30 centimètres. Faire perdre la face à un Thaï, c'est chercher le trouble. Il y a des cris de panique, de colère, d'étonnement, la foule bouge de tous côtés. Dans le tumulte, j'aperçois un autre Thaï qui sort et pointe un revolver vers je-ne-sais qui. L'instant d'une seconde, je crois que c'est le garde qui va mourir de sa bêtise, mais non. Les flics arrivent (ils ont pignon sur rue), menottes les deux agresseurs. Le garde de sécurité part en ambulance avec une jambe entaillée.

Deux spectacles dans la même soirée.

Bangkok n'est pas une cité violente, du moins, pas plus que toute autre grande ville dans le monde, mais la violence est une réalité universelle. Les Thaïlandais sont réputés pour être zen; "jai yen yen" (coeur calme calme) comme ils disent, mais ils sont fiers. Faites leur perdre la face et le dragon s'éveille en eux.

vendredi 19 octobre 2007

Il fait soleil, mais il fait noir

Bangkok. Le soleil brille enfin après plusieurs jours de pluie monotone, mais pas pour tout le monde dans la capitale. La Cité des Anges abrite effectivement plusieurs aveugles. Ici pas de jolies cannes blanches, pas d'accompagnateurs professionnels, pas de chiens guides. Depuis que je suis en Thaïlande, il me semble avoir repéré deux emplois "traditionnels" pour ces infortunés: chanteur et vendeur de billets de loterie.

La première catégorie me semble plus à plaindre. Avec un petit haut-parleur parfois suspendu à leur cou, il déambule dans les rues avec leur micro à la main. Un proche, sans doute, leur tient le bras, les amène du point A au point B, puis du point B au point C. L'aveugle s'arrête devant une foule de touristes qu'il ne voit pas, il chante fébrilement, espère entendre quelques sonorités de piécettes dans sa petite tasse de métal. Mais bon, on craint les arnaques, on se dit "Ce n'est probablement pas un vrai", on se conforte en pensant qu'un autre bon samaritain lui donnera certainement de l'argent.

La seconde catégorie me fait sourire. Ils ont leur planche avec tous leurs billets de loterie. Il sont assis, ils attendent, mais pas trop. Les Thaïlandais semblent en effet accorder quelques pouvoirs divinatoires aux aveugles. Obtenir de leur part un conseil sur le numéro gagnant n'est vraiment pas négligeable. Il faut comprendre que la loterie est le seul jeu d'argent permis en Thaïlande. Interprétation des rêves, amulettes bénies, prières au temple: tout pour entretenir leur rêve d'argent.

lundi 15 octobre 2007

Il pleut, il pleut bergère

"Il pleut, il pleut bergère" dit la chanson, "regarde la télévision".

Je ne sais pas, mais il me semble que Bangkok connaît trois saisons différentes que le reste de la Thaïlande (pour ceux qui ne le savent pas, il y a la saison chaude, la saison froide et la saison des pluies). A Bangkok, j'ai l'impression qu'il y a la saison des pluies, la saison de la bruine et la saison des averses.

"Super! Le week-end!"... "Merde! Il pleut!"...

Je m'écrase devant la télévision. Ce film-ci sur HBO? Déjà vu. Celui-là sur StarMovies? Aussi. Il me reste les chaînes thaïes. Rien de mieux pour apprendre la culture d'une société que les feuilletons ("soap"). Pas besoin de comprendre la langue. Pendant 5 minutes, les acteurs pleurent de joie ou de peine, pendant 5 minutes ils s'engueulent entre couples ou entre amis. Pour chaque feuilletons, il y a deux chansons: une dramatique et une romantique.

Bon, bon, je caricature, tous les feuilletons thaïlandais ne sont pas identiques, même si la scène de la belle-mère qui met du poison dans un verre est un véritable classique. Il y a les feuilletons pour ados où des jeunes étudiants qui possèdent des pouvoirs surnaturels vivent toutes sortes d'aventures et les feuilletons un peu plus mâles avec des mafieux, des fusils et des poursuites en 4x4.

Si vous essayez toujours de comprendre l'amour thaï, observez les feuilletons et vous contemplerez les immuables paradigmes de leur psyché collective.

jeudi 11 octobre 2007

La psychologie thaïe existe-t-elle?

Je ne sais pas, mais je me questionne. La psychologie thaïe existe-t-elle? Hier, mon collègue de travail me raconte qu'une personne de son immeuble s'est jeté du haut de je-ne-sais-trop quel étage pour aboutir mort, cela va de soi, dans la rue. Le troisième cas de suicide dans son immeuble paraît-il.

Bon, il y a des suicides dans tous les pays; pas de surprise. Ce qui m'intrigue le plus, pour avoir discuté avec des Thaïs, c'est que déprimer n'est pas quelque chose qui semble exister. On ne se sent pas bien, on a eu une mauvaise journée, on est fatigué. "Mai sabai" disent-ils. En français, nous avons toute une gamme d'émotions négatives: la mélancolie, le spleen, la nostalgie, la tristesse, l'abattement...

En Thaïlande, on semble plutôt dire: "Voyons tu t'en fais trop pour rien, mange un peu pour reprendre des forces et ça ira". Pourquoi pas? Je n'ai jamais vu une seule clinique psychiatrique en Thaïlande ou un bureau pour consulter un psychologue. Pas de pilulles, pas de couchette pour s'étendre et parler au plafond. Que font les Thaïs? Je ne sais pas. Ils se disent "Mai pen rai", "Ça ne fait rien", "Ce n'est pas grave" et continuent à vivre. Peut-être iront-ils au temple le plus proche brûler quelques bâtons d'encens.

vendredi 5 octobre 2007

Cheap Charlie

La Cité des Anges abonde en bars. La plupart de ceux-ci se ressemblent tous: de la musique commerciale populaire, une table de pool, un bar, des tabourets et des fille sur les tabourets. Pas le genre de place où l'on sirote un verre en discutant de philosophie.

Il existe par contre quelques repères éthyliques qui ont leur propre caractère. Le bar Cheap Charlie est l'un de ceux-ci. Longeant Sukhumvit 11, vous verrez à votre gauche un bar en pleine rue surmonté d'un amoncellement d'objets hétéroclites. Derrière, un seul homme, un Thaï bien entendu, vous servira une petite Chang pour aussi peu que 50 bahts. "To be a Cheap Charlie" est en fait une expression très populaire à Bangkok; elle est souvent employée pour les filles thaïs pour désigner les étrangers qui ne veulent pas flamber tout leur fric pour elles.

Bref, on s'assoit sur l'un des tabourets, on déguste sa bière pas chère, on écoute du Elvis ou autre musique sortie du placard et bientôt un touriste ou un expatrié vous engage la conversation d'une façon toute naturelle et amicale. Vous ne savez pas où sortir le soir à Bangkok? Je vous suggère vivement et simplement.

lundi 1 octobre 2007

Le charme de Koh Chang

Comme beaucoup de voyageurs, j'ai un faible pour le charme des îles. Chaque île est comme un petit monde en soi, coupé de tout, qu'on peut explorer de fond en comble. On en fait le tour (littéralement), on apprend à connaître les lieux paisibles, les points de vue, les petits restos sympathiques, les endroits pour faire la fête, les marchés et les boutiques.

En Thaïlande, j'ai habité à Koh Samui, puis à Phuket. J'ai aussi visité Koh Tao, Koh Phangan et Koh Lanta plus au sud. Habitant à Bangkok, je m'évade le week-end pour voir la mer quand cela s'avère possible. Je reviens tout juste de visiter Koh Chang pour la première fois et je dois dire que cette île a un charme tout particulier. Peut-être est-ce le fait que nous ne sommes pas encore pendant la saison touristique, mais tout était si calme et serein.

En moto, presque pas de circulation sur les routes, seulement après l'arrivée d'un traversier. Si l'on se dirige vers la partie est de l'île, la route est bordée d'arbres, les montagnes se dressent dans la brume à notre droite alors que l'eau se présente à notre gauche.

Pour les backpackers, les environs de Lonely Beach sont paradisiaques. On y trouve de nombreux bungalows bon marché. Ceux qui veulent plus de luxe et de confort trouveront aussi plusieurs hôtels à Koh Chang à des tarifs intéressants. Plusieurs complexes hôteliers sont actuellement en construction sur l'île, mais le rythme n'est pas encore alarmant. Visitez absolument Koh Chang avant qu'il ne soit trop tard!